Page:Touchatout - Le Trombinoscope, Volume 1, 1871.djvu/17

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quer qu’il a adopté pour nouvelle enseigne : Abolition de l’esclavage. Il se fera un plaisir de recevoir les commandes de la nation française, aussitôt qu’elle voudra bien l’honorer de sa confiance. Dans l’attente de ses ordres, il lui présente, etc., etc… »

Plus tard, de 1863 à 1869, le comte de Paris lança plusieurs réclames dans le même genre sous la forme de brochures extraordinairement démocratiques, traitant surtout des misères de la classe ouvrière, avec un attendrissement qui déchirait l’âme. On raconte qu’à la lecture d’un de ces ouvrages avant pour titre : Des Associations ouvrières en Angleterre, un brave marchand de dentelles de la rue Saint-Fiacre fondit en larmes en s’écriant : « Oh ! le bon jeune homme !… Il sera le père du peuple !… » et qu’il fallut pour empêcher qu’il ne se noyât dans ses sanglots, lui crier onze fois dans chaque oreille, que Napoléon III avant la lettre, avait, lui aussi, écrit un livre fortement républicain sur l’Extinction du Paupérisme. — Marié le 30 mai 1864, à la princesse Marie-Isabelle, fille du duc de Montpensier, le comte de Paris a une petite fille de 6 ans, ce qui nous est bien égal, et un petit garçon de 2 ans, ce qui nous le serait également si nous savions nous y prendre. — Quand éclata la Révolution du 4 Septembre, le comte de Paris dressa l’oreille et un plan. Il envoya en éclaireurs deux de ses oncles : de duc d’Aumale et le prince de Joinville, avec mission d’offrir leur épée au pays ; ils furent reconduits par Gambetta avec tous les égards dûs à des gens qui viennent prendre l’empreinte de la serrure d’un coffre-fort. Ils n’en continuèrent pas moins à rôder dans les environs, et l’imbécillité des betteraves aidant, ils furent nommés députés à l’Assemblée nationale en 1871 ; mais la validation de leurs élections fut retardée par le chef du pouvoir exécutif, M. Thiers, le finaud des finauds, qui ne voulait pas brusquer les choses ; et ils attendirent dans l’antichambre, envoyant de temps en temps au comte de Paris les dépêches les plus rassurantes sur l’avenir de sa restauration.

Au physique, le comte de Paris est un bon gros garçon qui ne ferait pas de mal à une mouche, et serait d’ailleurs très-embarrassé de l’attraper. — Il porte, en toutes saisons, sa barbe, des caleçons et un parapluie de coton. — Il se lève de bonne heure, allume un cigare et le fume sur le pas de sa porte, en attendant le passage du facteur de la gare voisine, lui demande invariablement s’il ne lui apporte pas la couronne de France, et sur la réponse négative du facteur, rentre et se met au travail jusqu’au déjeuner. Il écrit à ses amis des lettres commençant par ces mots : Éloigné de mon cher pays, je n’en ressens que plus vivement, etc., etc., et se terminant par ceux-ci : La France en toute occasion peut compter sur moi. Quand il a écrit ces