d’Henri Rochefort, qu’il a été le premier à proposer comme candidat à la députation en 1869, et sur la tête de qui il a fait vider depuis, chaque matin, toutes les écuelles à fiente de ses rédacteurs. — Après le 4 septembre, M. Villemessant a changé — ou laissé changer — le ton du Figaro qui, pendant quelques jours, s’est montré républicain. Il fallait flairer le vent : la République serait-elle chatouilleuse, ou bien serait-ce toujours cette trop bonne fille qui se laisse tout dire ? — Mais un mois ne s’était pas écoulé, que M. Villemessant avait reconnu que cette fois encore il n’y avait pas de danger, et le Figaro reprit ses allures. Le Lion républicain des Simon, des Picard et des Jules Favre était en zinc peint ; on pouvait recommencer à cracher dessus. — Vers la fin de 1871, M. Villemessant s’est rappelé qu’il avait toujours sa fleur de lys tatouée sur la fesse, et il a été rendre visite à son bon roy. — Le comte de Chambord qui, de son côté, s’est souvenu de la cassette particulière de Vélocipède père, s’est borné à lui payer son voyage et l’a envoyé dîner à l’office. Le Figaro a retenti pendant douze jours de cette entrevue solennelle.
Au physique, M. de Villemessant est très-puissant. Il a une face de marchand de vins en gros, des mains de chef de claque et une paire d’épaules à supporter même le poids de ses remords ; mais il ne s’en sert pas pour cela. Sa voix a la suavité d’un tuyau d’orgue, dans lequel on aurait par distraction vidé le baquet aux ordures d’un bouillon Duval. S’il lui avait fallu chanter lui-même pour vivre, il fût mort de faim ; mais s’en étant aperçu, il a retourné la difficulté et est devenu riche. On dit qu’il est très-joueur et légèrement asthmatique. On raconte même, à ce sujet, qu’un soir en jouant à Albert Wolf ses appointements du mois, il fut pris d’un accès de toux, et en profita pour compter son jeu de la manière suivante, sans que son adversaire s’en aperçut : Nous dirons… quinte de toux bonne pour le point, quatorze d’asthme et trois rois font quatre-vingt-dix-sept, je joue quatre-vingt-dix-huit… Wolff fut capot. On jouait vingt louis.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
M. Villemessant se rend chez le comte de Chambord le… 18…, le comte lui fait répondre qu’il se purge et ne peut le recevoir. M Villemessant publie le… 18…, dans le Figaro, une relation de ce voyage, où l’on voit Henri V l’embrassant sur les deux joues. — Le… 18…, il se rend de nouveau auprès de son souverayn, quy luy fayt respondre qu’yl est sorty. M. Villemessant republie une nouvelle narration de ce voyage dans le Figaro, et la fait imprimer en vieil elzévir. Cette fois on voit les deux Henry boire dans le même verre. — Enfin, le… 19… M, Villemessant meurt entre les bras de son gendre B. Jouvin, qui pour adoucir ses derniers instants, lui lit, comme étant une bénédiction de Henry V, une lettre que Cochinat vient de lui envoyer pour lui demander, en petit nègre, deux places pour l’Africaine.
