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l’enseignement comme maître suppléant au collége de Rennes. — De 1839 a 1851, il succéda à M. Cousin comme professeur d’histoire et de philosophie à la Sorbonne. — Le 16 décembre de la même année, il vit son cours suspendu pour avoir essayé d’enseigner à ses élèves un tas de choses qu’il est utile d’ignorer quand on est appelé à vivre sous un Empire ; et quelques mois plus tard, refusa de prêter serment de fidélité à l’homme de décembre, ce qui commença sa fortune politique.

Il avait été décoré de la Légion d’honneur le 27 avril 1845 ; on n’a jamais su au juste pourquoi ; cependant on a cru longtemps que c’était pour avoir collaboré à la romance de Jenny l’Ouvrière. — En 1846, candidat de l’opposition modérée dans les Côtes-du-Nord, M. Jules Simon échoue ; mais, en 1848, il fut élu dans ce département, et vint siéger à la Constituante comme républicain… toujours modéré. Nos lecteurs nous pardonneront ces répétitions de l’adjectif : modéré ; mais il n’y a pas de notre faute, et, dans le cours de cette biographie, nous serons forcé de les commettre encore souvent. Le côté saillant du caractère de M. Jules Simon est la modération. Personne mieux que lui n’a su jouer de ce qualificatif qui prête, d’ailleurs, comme un morceau de caoutchouc et n’a pas son équivalent en politique pour signifier tout ce que l’on veut et même le contraire.

Dès son entrée dans la vie politique, le dada favori de M. Jules Simon fut l’étude modérée des questions ouvrières ; aussi la Constituante le désigna-t-elle pour faire partie du comité modéré de l’organisation du travail. Après l’insurrection de juin, il fut nommé président modéré de la commission chargée de visiter les blessés. L’ordre rétabli, il devint secrétaire modéré de la commission de l’enseignement primaire et rapporteur modéré de la loi organique de l’enseignement, dont il présenta modérément à l’Assemblée un projet complet et modéré.

Élu en 1849 membre du Conseil d’État, il fut président de la commission des recours en grâce ; cette fonction était dans ses cordes sentimentales. — Éloigné momentanément de la politique, il alla faire en Belgique des conférences philosophiques toutes empreintes de cette douceur émolliente dont il a le secret, et qui témoignait à la fois d’un cœur sensible et d’un tempérament lymphatique. — En 1863, il fut élu député au Corps législatif par la 8e circonscription de la Seine. Il défendit alors la liberté de la presse. — Nota : Le gouvernement de M. Thiers vient de rétablir le cautionnement sur les journaux, et M. Jules Simon en est. — Il continua sa campagne en faveur de l’instruction publique et soutint les intérêts des classes laborieuses, questions dont il avait fait son marche-pied ordinaire. — Il revendiqua aussi les franchises communales de Paris et les lâcha plus tard avec l’aisance de ces grands réformateurs, qui n’attendent qu’une place au pouvoir pour cesser de trouver un cheveu dessus.

En 1869, il fut réélu député dans un grand nombre de circonscriptions, et dans les réunions électorales battit le tendre