à M. Pothuau d’avoir envoyé à la Nouvelle-Calédonie des agents connus pour leur brutalité pour les détenus. Évidemment, nous n’avons pas la prétention de demander que les misérables qui ont pétrolé trente monuments soient reçus dans la presqu’île Ducos avec les mêmes égards, les mêmes honneurs et les mêmes arcs de triomphe dont une nation civilisée abreuve chez elle un potentat oriental en tournée, qui, pendant vingt ans, a décapité, abruti, fouetté et avili dix millions d’hommes dont il souillait les femmes ; cependant, nous pensons que l’abolition de la torture a du bon, même lorsqu’il s’agit de tortures infligées à des gens qui ont trois chances sur quatre de mourir bientôt de la fièvre jaune. — Le 24 mai 1873, à la chute de M. Thiers, M. Pothuau est sorti du ministère en même temps que ses collègues. — Il avait voté les prières publiques, le pouvoir constituant de l’Assemblée, la validation de l’élection des princes d’Orléans, etc., etc… Cependant, il ne s’est pas prononcé contre le retour de l’Assemblée à Paris. Entre les Parisiens et l’amiral Pothuau il y avait un lien : le siège ; l’amiral ne l’oublie pas. Paris sut gré à son ancien défenseur de ce vote. Et ce témoignage d’estime de l’homme qui avait voulu le sauver, le console amplement des calomnies et des haines de ceux qui l’avaient perdu pour n’avoir pas su le comprendre.
Au physique, M. Pothuau est un homme aux traits fins, expressifs et énergiques. — Sa parole est nette, un peu familière. — À la tribune, peu de phrases ; mais de temps à autre un mot bref, sec, qui rappelle l’habitude du commandement. — En somme peu de talent ; mais de la décision et du courage. — Au demeurant, pas amoureux de la République pour deux liards, trop vieux pour se mettre à l’aimer, incapable peut-être de la haïr, mais parfaitement susceptible de la tolérer. — En définitive, un de ces hommes très-honnêtes, presque nuls, qui en politique s’arrangent toujours à peu près de tout, et n’ont jamais songé à se demander si l’on ne pourrait pas trouver à la question sociale, en s’en occupant un peu, une autre solution que la Nouvelle-Calédonie.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
M. Pothuau est réélu à la Constituante le... 18.. — Il se prononce pour la République le... 18.., mais sans en attraper une fièvre typhoïde. — Il sert en honnête soldat le gouvernement républicain, et meurt le... 19.., sans avoir pu parvenir à comprendre le fameux plan Trochu.