d’une grande impartialité. Quelques personnes lui ont reproché d’avoir l’oreille beaucoup plus dure pour les sottises et les violences qui partent de la droite que pour celles qui peuvent venir de la gauche ; mais nous, qui avons pour principe d’écarter en tout et toujours la pensée malveillante, nous croyons que si vraiment M. Buffet a eu quelquefois les défaillances qu’on lui attribue, cela ne peut provenir que d’une distraction qu’il aura eue en se mettant, au début d’une séance orageuse, ses deux morceaux de coton dans la même oreille. — D’ailleurs, s’il avait pu rester dans l’esprit de quelques personnes défiantes l’ombre d’un doute sur l’équité de M. Buffet, une circonstance toute récente l’eût certainement dissipée. Le 21 juillet 1873, à la suite d’une revue de l’armée française offerte au shah de Perse, M. Buffet, enthousiasmé par l’attitude et la brillante tenue de nos troupes, réorganisées si laborieusement par… M. Thiers pendant deux années, adressa du haut de la tribune et au nom de la France, un solennel remerciement à… M. Mac-Mahon, qui n’était à la tête des affaires que depuis six semaines. Une sage-femme que l’on complimente sur la beauté et la force de l’enfant qu’elle vient de tirer du sein d’une de ses clientes, ne pourrait être plus épatée que ne le fut le maréchal Mac-Mahon recevant des louanges pour le travail de son prédécesseur. On ne dit pas que le maréchal parut surpris. Tant pis pour lui.
Au physique, M. Buffet est un homme chétif, tête osseuse, lèvres minces ; son regard, un peu louche, rappelle Emile Ollivier, pourvu qu’Emile Ollivier n’entende pas !… — M. Buffet a la figure grimaçante et empreinte d’une mauvaise humeur clichée. — Il voudrait bien être majestueux ; il n’est que raide. — Ses allures sont gauches. Il a la vue très-basse, ce qui l’expose quelquefois à rappeler M. Gambetta à l’ordre pour un gros mot que vient de dire M. Gavardie. En un mot, tout le monde s’accorde à reconnaître que M. Buffet ferait un président accompli s’il avait un peu de coup d’œil, de mémoire, de présence d’esprit et de prestige.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
M. Buffet se présente pour la quatrième fois aux électeurs des Vosges le... 18... — Pour la quatrième fois, il recopie sa profession de foi républicaine de 1848. — Mais il échoue — Il rentre dans la vie rivée et meurt, le... 19..., du chagrin qu’il éprouve en lisant une histoire de France dans laquelle le mérite de la libération du territoire est attribué à M. Thiers beaucoup plus qu’à M. de Broglie.
