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ne paraît pas devoir tenir beaucoup de son père ; mais il a cette expression fadasse, vaine et niaise de la mère. Il représente assez bien un de ces grands benets de famille que leur insignifiance condamne à vivre de leurs rentes, dans une petite ville de province, en piochant six heures par jour leur partie de troisième piston de la société philharmonique du crû, pendant que leur femme les fait cocus avec les officiers de la garnison.

Octobre 1873.

NOTICE COMPLÉMENTAIRE

DATES À REMPLIR
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE

Eugène Napoléon, arrivé à sa majorité le 16 mars 1877, demande des comptes à sa mère. — Celle-ci lui avoue que de sa fortune maternelle, il ne lui reste plus que trente-deux francs,

— À quoi donc, demande-t-il, a passé tout l’argent qu’ont produit, pendant les vingt années de l’Empire à papa, les exonérations des conscrits qu’on ne remplaçait pas, les boutons qui manquaient aux guêtres et les guêtres qui manquaient aux boutons ? — À quoi ?… lui répond l’impératrice, est-ce que tu t’imagines que, depuis sept ans, j’ai entretenu nos journaux français avec mes vieux chignons ?… — Eugène Napoléon répond à sa mère : « Alors si je n’ai plus le sou pour mener Mandarine aux courses, passe-moi une des redingotes à papa, que j’aille faire une descente à Boulogne pour détrôner Louis-Philippe II. — Il descend à Boulogne le... 18..., avec cinq pochards et le petit Conneau, déguisés en officiers d’état-major du cirque. — On le met au poste, il passe en jugement le... 18... Est gracié le... 18... Recommence le... 18... La République ayant remplacé Louis-Philippe II, Eugène Napoléon rentre en France, le... 18..., comme simple citoyen. Les républicains, qui sont toujours aussi bêtes, le laissent élire député le... 18..., et président le... 18... Il s’assied sur la République, le 2 décembre 18..., et rétablit l’Empire le... 18... La décomposition sociale reprend son cours. — Vélocipède IV épouse, le... 18..., une écuyère du cirque ; le niveau moral continue à s’élever. Blanche d’Antigny et Cora Pearl sont dames d’honneur aux Tuileries. — Le... 18..., au moment où Vélocipède IV va engager contre la Prusse une guerre qu’il croit appelée à consolider son trône, mais qui, eu égard à l’organisation de notre artillerie, menace de reculer les frontières allemandes jusqu’à Saint-Ouen, la France arrête les frais de ces imitations ruineuses, chasse son empereur et reproclame la République. — Cette fois, chose tout à fait inattendue, on trouve quelques républicains qui, après avoir nettoyé énergiquement la France de tout ce qui tient aux anciens régimes en fait de prétendants, de fonctionnaires, d’agents de police, etc., etc., poussent la logique jusqu’à tirer le verrou en dedans afin de ne point être dérangés dans leur essai loyal, un essai loyal qui ne soit pas au coin du quai. — Ce moyen si simple, mais auprès duquel on avait passé trois fois sans le voir, depuis un siècle, réussit, à merveille. — Et, enfin, on apprend, le... 19..., que Vélocipède IV, après avoir été tour-à-tour, à Londres, constable, directeur d’un bazar à treize sous, escamoteur, écuyer de cirque forain, magnétiseur et marchand de crayons, vient de mourir, encore dans la force de l’âge, des suites d’une maladie que son père n’avait pas contractée en présidant le Conseil des ministres.


LA BIOGRAPHIE, 15 CENTIMES. — PROVINCE, SOUS BANDE, 20 CENTIMES.

Paris. — Imprimerie F. DEBONS et Ce, 16, rue du Croissant.