au moindre faux pas… au contraire. — La reine Victoria vit très-simplement et ne donne jamais de fêtes ; quand on lui en fait le reproche, elle répond invariablement : « Je ne suis pas en train ; » on le croit, ou on ne le croit pas. — Dernièrement, les Anglais, qui commencent à se demander de temps en temps à quoi peuvent bien servir les choses qui ne servent à rien, ont réclamé une diminution de la liste civile de la reine. Ils n’y sont pas parvenus ; mais le jalon est posé et nous n’achèterions pas à forfait dix années d’appointements de la royauté en Angleterre. — On a parlé récemment de l’abdication de la reine. Nous ne voyons guère d’autres gens capables d’ajouter foi à semblable nouvelle, que les infortunés susceptibles de croire qu’ils vont toucher un dividende sur leurs Galions de Vigo.
Au physique, la reine Victoria est une forte femme qui ne paraît pas son âge. Il y a des gens qui prétendent qu’elle s’est conservée comme les fruits, en se mettant le corps dans de l’eau-de-vie ; ils se trompent du tout au tout ; ils doivent être renseignés par l’agence Havas. — Son caractère est très-aimable ; ses idées sont plutôt portées vers le progrès que vers la routine ; aussi elle déplore souvent que son premier ministre soit si vieux et répète sans cesse : S’il quittait son portefeuille, je prendrais un jeune homme. — Ses occupations sont celles d’une bonne mère de famille ; elle fait volontiers de la couture, du crochet, de la tapisserie et de préférence… du feston.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
La reine Victoria continue à régner sur son peuple en bonne souveraine et à marcher droit dans le sentier du devoir, en s’appuyant de temps en temps sur le mur de la constitution. — Elle meurt le... 18... au moment où elle luttait contre son ministre qui voulait lui faire signer une loi contre la presse et le droit de réunion, et en déclarant qu’elle ne fera jamais rien contre le développement des esprits.
