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avec tant de soin, je ne puis plus me rappeler où j’ai mis les onze batteries de mitrailleuses que l’on m’a envoyées !… Je les avais encore à la main il y a trois semaines !… Puis se frappant le front, il s’écriait en s’adressant à ses aides de camp : Ah !… je me souviens !… je les ai laissées sans ordres, ni vivres, ni munitions, à quarante-deux lieues d’ici !… Courez vite les chercher !… On sait ce qu’il advint de ces… distractions. Quand le général Wimpffen arriva en toute hâte pour le remplacer, il était trop tard ; et le général de Failly, fait prisonnier, partit pour l’Allemagne, n’oubliant rien de son nécessaire de toilette. — Depuis, on n’a plus entendu parler de lui, si ce n’est pour apprendre que ses ongles sont toujours très-bien entretenus.

Au physique, M. de Failly est un homme d’une physionomie loyale, en ce sens qu’elle annonce, à première vue, l’incapacité la plus complète. — Le front est rétréci ; on sent pourtant que les idées y sont à l’aise ; les yeux sont petits et couverts ; le nez est courtaud, mais encore trop long, pour que le général voie jusqu’au bout. — On n’a qu’une idée imparfaite des opinions politiques de M. de Failly ; mais comme homme de guerre, on peut dire de lui, en se rappelant qu’il laissait traîner ses fourgons, égarait sa cavalerie et perdait ses canons en route comme de simples pièces de quatre sous qui passent par le trou d’une poche : il n’a rien appris ; mais il a tout oublié.

Janvier 1873.

NOTICE COMPLÉMENTAIRE

DATES À REMPLIR
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE

M. de Failly occupe les loisirs de sa retraite à dessiner des figures nouvelles pour le cotillon. Il en publie le... 18... un recueil qui fait l’admiration de l’Europe. — Et enfin le... 19... il perd la vie, croyant que c’est une batterie de pièces de vingt-quatre.


LA BIOGRAPHIE, 15 CENTIMES. — PROVINCE, SOUS BANDE, 20 CENTIMES.

PARIS. — IMPRIMERIE F. DEBONS ET Cie, RUE DU CROISSANT, 16.