nous semble rappeler par trop ce bonhomme qui, pour remercier son ami de l’avoir sauvé de l’eau, lui faisait une scène parce qu’il lui avait tiré les cheveux. — Depuis, et chaque fois que l’occasion s’en est présentée, M. d’Audiffret-Pasquier a voté avec les monarchistes contre M. Thiers. — Il s’est opposé à la dissolution avec l’ardeur presque excusable d’un homme bien placé au théâtre, à qui l’on demanderait de sortir pour aller se remettre à la queue. — Enfin, le 5 décembre 1872, il a été nommé membre de la Commission des Trente, chargée de se donner un mal effrayant pour enfanter, comme si elle était appelée à durer deux cents ans, une constitution provisoire qui en aura bien pour trois ou quatre mois dans le ventre, au dire des amateurs.
Au physique, M. d’Audiffret-Pasquier est un homme froid, jaune, fier, raide et anguleux ; un de ces hommes enfin qui semblent faits pour travailler au soulagement de la misère d’un peuple, comme un huissier pour payer de sa poche les billets des débiteurs qu’on lui donne à poursuivre. — Son talent est incontestable ; son éloquence et sa précision en ont fait le chef du centre droit. — Il veut la monarchie constitutionnelle, ce système absurde qui a la prétention d’être un compromis entre la volonté d’un homme et les droits de quarante millions d’autres. — Il n’admet en politique que l’influence des classes dirigeantes, c’est-à-dire de celles qui possédent ; et quand on lui parle des couches sociales avec lesquelles il faudrait peut-être compter, il pousse des cris comme un homme à qui l’on viendrait annoncer qu’il est couché sur un lit de plumes rembourré avec des torpilles.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
M. d’Audiffret-Pasquier se présente le... 18... aux élections pour la Constituante. Il n’est pas réélu. — Il a la douleur de voir proclamer la République le... 18... — Et meurt le... 19... au moment où la Commission des classes ouvrières, due à sa généreuse initiative, vient de terminer son rapport en déclarant que tout bien examiné, la misère des travailleurs a pour cause le chômage et l’insuffisance des salaires. — Fier de s’être rendu aussi utile aux classes pauvres, en faisant décider que leurs souffrances sont causées par leurs privations, M. le duc d’Audiffret-Pasquier s’éteint, l’âme calme, au moment où le gouvernement républicain qui, depuis trente ans a fondé un vaste système d’association nationale, peut offrir des retraites aux ouvriers vieux et infirmes.