Page:Touchatout - Le Trombinoscope, Volume 4, 1875.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais, nous le répétons, ce spectacle quotidien est triste, et nous regretterons toute notre vie, comme M. Brébant le regrette lui-même, nous en sommes sûr, que ce touchant défilé du gave-gueux ne puisse avoir lieu autre part qu’en plein boulevard. M. Brébant doit cruellement souffrir de ce que l’exiguïté de son établissement ne lui permette pas de cacher cette louable action, car il sait que les plaies de l’humanité ne différent pas des plaies à la jambe, et qu’autant que possible on ne les panse pas devant le monde.

Au physique, M. Brébant est un homme de moyenne taille, aux traits assez inhospitaliers. — Replet, nous l’avons dit, ce qui est assez adroit pour un cuisinier de sa force, mais d’un teint pâle et jaune, ce qui est moins habile pour un sommelier de sa trempe. — De même que l’on aime voir un coiffeur avec des cheveux, un médecin avec un beau teint, un dentiste avec de belles dents, on se sent porté de sympathie pour un aubergiste rebondi et coloré, qui semble farci de sa bonne chère et baigné de son vieux Bourgogne. Malheureusement M. Brébant fait l’effet d’un homme qui ne viderait que des flacons de sauce blanche. — Du reste, très-aimable et fort spirituel. Sollicité, un jour, d’écrire une pensée sur l’album du Tintamarre, il y a mis ceci : « Il faut nourrir l’estomac et des imbéciles. » . — C’est lui qui a dit aussi : « Contrairement à un axiome de physique bien connu, plus les aliments sont lourds, plus ils tendent à remonter. »

Juin 1875.

NOTICE COMPLÉMENTAIRE

DATES À REMPLIR
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE

Brébant continue son œuvre glorieuse. — Le.. 18.., il lance un nouveau macaroni qu’il baptise : macaroni-caissier, pour indiquer qu’il file beaucoup. — Enfin, il meurt le.. 19.., après avoir écrit, sur la commande du gouvernement républicain, une Cuisinière bourgeoise politique, dans laquelle on lit ceci : « On peut faire sauter les rois, mais il faut bien se garder de les faire revenir. »