Page:Toulet - Les Tendres Ménages, 1904.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une façon de cinématographe, où viennent se peindre à l'envi mille images de leur perfide, les plus cruelles, les moins décentes. Les beaux yeux de Sylvère se posaient en vain sur les objets autour d'elle, les équipages, la ramure noire des marronniers, ou la brillante gerbe de l'arroseur. Ce qu'elle voyait à travers tout cela, n'était-ce pas toujours un même spectacle, son mari tout près, oh! si près, d'une autre femme; et sans cesse cette âme délicate se souillait des plus basses visions. Parfois c'était comme si sa plus secrète sensibilité se fût transposée en une autre chair, et qu'elle-même y goûtât, en dehors d'elle-même, une joie aiguë qui était son bien propre, des caresses dont elle savait d'avance la douceur. . . . . . . . . . . . .

Sa voiture s'arrêta. Machinalement Sylvère vérifia le numéro de la maison, monta deux étages, se heurta à une grosse femme qui laissait voir à demi une face convulsive sous le mouchoir qu'elle appuyait à ses yeux, et qui gémit sourdement.

Puis Sylvère poussa une porte et se trouva