Page:Toulet - Les Tendres Ménages, 1904.djvu/202

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, l'été venu, quand les écrase le pied nu d'un baigneur.

Le chemin que suivait la jeune femme sentait les buis amers dont il était bordé en contre-bas du côté de la plaine et du Gave. A gauche il y avait un mur, et des jardins de paysans, dont les arbres pendaient. Un branchage appesanti de feuilles parfois heurtait ses joues en s'égouttant; et elle frissonnait alors si quelque goutte oubliée de pluie glissait le long de son col nu, et se dissipait au creux de sa nuque, en s'attiédissant. L'herbe était pareillement toute mouillée; Sylvère en marchant levait les jambes très haut pour se garder des orties et de la rosée, et aussi pour ne pas fouler les silènes, pourprés et roses, qui riaient sous ses pas.

Plus loin, au pied moussu d'un mur, entre deux pierres, elle distingua la tache rouge de la première fraise; et, en se baissant pour la cueillir, fit s'envoler une abeille, qui, peut-être irritée, bourdonna pendant un instant autour de son visage. Plus loin encore, le sentier formait sous trois ou quatre chênes une espèce de