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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/157

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c’est dommage qu’il ne m’ait pas consulté pour son déguisement. Je lui aurais dit de s’habiller en soulier. Eh, que m’importe, après tout, ce vicomte de camelote ! Qu’il lui rende ses morsures, à la poupée : je la lui laisse toute, avec sa peau fine, où du sang viendrait si vite sous les dents ; du sang — du son.

Et puis, tout ça n’est peut-être pas vrai. Quelle apparence que Nane ait pu me dissimuler une tendresse de ce genre, depuis tant de jours que je la connais ? Il y a bien cette histoire d’Alger que m’avait racontée d’Iscamps. Mais d’Iscamps était l’être le plus ridiculement jaloux qui se pût voir ; avec ça d’une imagination grossissante, une vraie lentille. D’autre part, le d’Elche a tout l’air d’être ce que Yeïte appellerait un purotin : tranchons le mot, il marque mal ; et on ne peut refuser à Nane le sens hiérarchique, incapable qu’elle est de tromper un gentleman avec autre chose qu’un gentleman.

Yeïte interrompt encore ce soliloque intérieur.

— Vous parlez de crampons, fait-elle avec son joli rire inexpressif : ne vous croyez donc pas obligé de me renier comme ça tout le temps.