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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/19

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Non, les ondulations du fleuve Océan, ni les nœuds de la vipère ivre de chaleur qui dort au soleil, toute noire, ne sont plus perfides que ses étreintes. Du plus beau verger de France, et du plus bel automne, quel fruit te saurait rafraîchir, comme ses baisers désaltéraient mon cœur ? Sache encore que l’architecture de ses membres présente toute l’audace d’une géométrie raffinée ; et que, si j’ai observé avec soin le rythme de sa démarche ou de ses abandons, c’était pour y embrasser les lois de la sagesse.

Et voici, sous les trois robes du mot, que je te les présente, ô lecteur, pareilles à des captives d’un grand prix. Découvre-les, et avec elles le secret de ce livre. Va, ne t’arrête pas à la trivialité des fables, au vide des paroles, ni à ce qu’on nomme : l’ironie des opinions. Lève un voile, un voile encore ; il y a toujours, sous un symbole, un autre symbole. Mais pour toi seul qui le savais déjà, puisqu’on enseigne aux hommes cette vérité-là seulement que d’avance ils portaient dans leur âme.

S’il t’ennuie toutefois de pénétrer aussi avant, tu pourras te récréer aux choses qui sont ici écrites touchant l’amour. Ne crois pas, au moins, que celui-là eût mérité le mé