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J’ai donc cherché à réunir le plus grand nombre de matériaux qu’il m’a été possible de me procurer, dans le but surtout de conserver à la science une certaine quantité d’objets plus ou moins intéressans, disséminés entre les mains de personnes qui auraient pu les laisser perdre ou les échanger.

J’ai en conséquence, décrit et fait représenter dans des planches annexées à ce travail, les fragmens de poteries romaines historiées ou non les plus remarquables parmi ceux trouvés, dans le but de faire voir à quel degré de perfection était parvenu l’art du potier, et combien encore, aujourd’hui, nous en sommes réduit dans l’art céramique à n’être bien souvent sous le rapport de la forme et de l’ornementation, que des copistes.

Je me sais également efforcé de faire connaître les inscriptions, les statuettes, les monnaies et les autres objets d’origine gallo-romaine rencontrés dans la même ville, propres à étayer l’opinion que j’émettrai sur l’emplacement de l’ancienne Condate, et à m’aider dans les tentatives que je vais faire pour en reconstituer l’histoire à cette époque reculée.

Cette cité encore désignée par Ptolémée sous le nom d’oppidum des Rhedones[1], et qui occupa d’abord une étendue très-circonscrite, Vers l’extrémité du triangle formé au sud par la Vilaine, et au nord par la rivière d’Ille, qui devaient lui-servir de défense, ainsi, que les marécages impraticables qu’elles formaient au-delà et vers leur point de jonction, fut primitivement possédée par les vainqueurs dans les conditions d’une enceinte assez mal fortifiée, mais dans une excellente position stratégique. Ils durent donc ne pas négliger cette dernière et s’y retrancher, mais en rendre les abords plus difficiles, en y élevant de plus fortes murailles, à l’aide de briques et de pierre, pour y établir un camp[2].

Cette ville, avant son occupation par les Romains, fut connue sous le

  1. Les oppida gaulois constituaient tantôt des villes, tantôt de simples lieux de refuge.
  2. Les camps romans (castra) étaient de véritables villes, fortifiées de murailles et de tours, dont l’une beaucoup plus vaste, ordinairement carrée, renfermée dans l’intérieur, et habitée par le commandant, a servie de type aux donjons du moyen-âge, communément appelée la Tour du Comte. Ces camps affectaient la forme d’un carré long plus ou moins irrégulier, et contenaient un prétoire, des marchés, des boutiques, etc. Pour les asseoir, ces conquérans cherchaient toujours la proximité des rivières, un terrain