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Je m’arrête donc à la première opinion comme à la plus plausible et à la seule raisonnable, surtout si l’on considère l’ordre de superposition dans lequel furent rencontrées les pièces romaines. En effet, les Consulaires étaient toujours les plus profondément engagées dans les dépressions et principalement dans les interstices des tranches du schiste[1] sur lequel reposait le sable de l’époque romaine, formé de cailloux de quarz gris bleuâtres on rougeâtres, et de fragmens de schiste, agglomérés par un ciment argilo-ferrugineux ou seulement argileux, et mêlés de grains quarzeux blanc. Ensuite venaient les pièces du Haut-Empire, parfois associées à un petit nombre des précédentes, engagées dans ce dernier ; et enfin celles du Bas-Empire, dessinées dans une dernière couche superposée de sable gris, à grains quarzeux fins et facile à diviser[2].

Quoiqu’il en puisse être, il n’en sera pas moins très-précieux pour la science historique de voir confirma par des témoignages matériels, la tradition de l’occupation de la Bretagne et de la ville de Bennes par les Romains, événement qui a été transmis à notre époque par les commentaires de César et les autres livres de l’antiquité. Car les monumens, tels que fragmens de temples, voies de communication, débris de bains ou de villas, monnaies ou médailles laissés par ce peuple si puissant, ne doivent pas être négligés pour l’appréciation de la vérité de l’histoire, et sous ce rapport, l’étude de l’archéologie et celle de la numismatique ne doivent plus être aujourd’hui considérées comme de pure et stérile curiosité.

  1. Ces schistes formaient une espèce de colline, dont la pente augmentait graduellement de rapidité, à mesure qu’ils approchaient de la rivière dans laquelle ils plongeaient assez brusquement, au-dessus des sables romains, sous un angle de 25 à 30°, en se dirigeant du Nord-Ouest à l’Est.
  2. Il fut trouvé au-dessus et dans l’épaisseur des couches supérieures du sable gris, mais surtout dans celle des argiles et de la tourbe, correspondant à peu près à l’époque Gallo-Romaine, et à 12 ou 15 mètres du pont de Berlin, un tronc de chêne d’une dimension énorme, couché un peu obliquement et presqu’en travers de la rivière. Les tronçons brisés de ses branches répondant au fond de celle-ci, indiquaient qu’elles l’avaient été dans sa chute. Sa racine était colossale, ton bois d’un noir d’ébène et excessivement dur. En amont de ce tronc gigantesque, il s’était amoncelé par couches, une très-grande quantité de feuilles. Cet antique débris végétal indiquait donc que dans cet endroit du fleuve, avait dû exister sur ses bords, quelque bois séculaire, peut-être consacré.