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ii
PRÉFACE

Quoi qu’il en soit, le dernier acquéreur, admirateur dévoué de Tourgueneff, se fit un devoir de conserver comme un dépôt sacré la correspondance que le hasard mettait entre ses mains jusqu’au jour où il pourrait la rendre publique, et il estimait que ce jour ne pourrait venir qu’après la mort de la destinataire des lettres.

Comme, en définitive, le possesseur des lettres était moins préoccupé d’une question pécuniaire que du désir d’entourer cette publication de meilleures conditions littéraires possibles, je finis par le persuader des avantages réels qu’il y aurait à la faire du vivant et sous les auspices de la célèbre artiste.

C’est ainsi qu’après deux ans de pourparlers je pus obtenir la restitution de tout le paquet des lettres, datées de 1846 à 1871, et que j’édite avec l’autorisation et sous le contrôle de Mme Viardot.

Une partie de ce qui nous a été livré paraît seulement. Par une réserve à mon avis excessive, Mme Viardot ne laisse passer que les pages ayant, non seulement un attrait public indiscutable, mais encore contenant le moins d’appréciations flatteuses pour la créatrice, universellement admirée, de tant de personnages de l’imagination lyrique ; elle écarta aussi des passages, des lettres entières, émaillés de saillies spirituelles, jamais méchantes, contre des personnes connues, ou semés de détails d’un caractère privé.

Pour moi, qui ai lu le tout, presque tout serait à donner. Rien, en effet, qui ne soit attachant dans