Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/157

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— Je suis le pêcheur du bârine.

— Quel pêcheur qui ne tient pas son bateau en état !

— Pour quoi faire, puisqu’il n’y a pas de poissons.

— Le poisson n’aime pas le goût de rouille des eaux marécageuses, dit pédantesquement mon chasseur.

— Eh bien ! dis-je à Ermolaï, va donc te procurer ce qu’il faut et radoube le bateau.

Ermolaï partit.

— Ne risquons-nous pas de couler à fond ? demandai-je à Vladimir.

— Dieu est miséricordieux ! En tout cas il est à supposer que l’étang n’est pas profond.

— Pas profond, non, fit Soutchok qui parlait comme à demi-endormi, mais il y a beaucoup de vase et des herbes longues, solides et des trous.

— Mais si l’herbe est si forte, s’écria Vladimir, il n’y aura pas moyen de ramer !

— Hé ! qui rame sur des radeaux ? On pousse à la perche. J’irai avec vous, j’ai une perche. On peut se servir aussi de la pelle.

— Une pelle, pourquoi faire ? dit Vladimir ; il y a bien peu d’endroits l’on pourrait toucher le fond.