Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/201

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— Dis-lui que je lui ferai un cadeau.

— Et à moi, me donneras-tu quelque chose ?

— À toi aussi.

Vania soupira.

— Eh bien ! non, il ne me faut rien. Donne à elle, elle est si bonne chez nous.

Et il appuya de nouveau sa tête sur la terre.

Pavel se leva et prit le chaudron vide.

— Où vas-tu ? lui demanda Fedia.

— À la rivière prendre de l’eau, j’ai soif.

Les chiens se levèrent et suivirent Pavel.

— Prends garde, ne va pas tomber ! lui cria Iliouchka.

— Pourquoi tomberait-il ? dit Fedia, il fera attention.

— Oui, il fera attention, mais sait-on ce qui arrive. Il se penche, n’est-ce pas, et le vodianoï[1] lui saisit la main et l’entraîne, et après cela on dira que le petit est tombé. Voilà qu’il entre dans les joncs, ajouta-t-il en écoutant.

En effet, les joncs s’étaient écartés et frôlés.

— Est-il vrai, dit Kostia, que Akoulina l’innocente est devenue folle depuis qu’elle est tombée à l’eau ?

— Oui, depuis ce temps… et tu sais comme

  1. Esprit des eaux.