Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/248

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de la calèche en jetant autour de lui un regard serein. La femme du bourmistre vint au-devant de nous et baisa la main du maître qui se laissa faire, puis monta sur le perron. Dans un coin obscur de l’antichambre se tenait la femme du starost, saluant profondément sans oser aspirer aux honneurs de la main. Dans ce qu’on appelle la chambre froide, — à droite de l’antichambre — étaient deux autres femmes très occupées à la débarrasser de brocs vides, de vieilles touloupes, de pots à beurre, d’un berceau où dormait un marmot parmi des chiffons ; puis elles tassaient des balayures au moyen de balai de crin. Arkadi Pavlitch les fit sortir et alla s’asseoir sur le banc au-dessous des icônes. Alors les cochers apportèrent les coffres, les caisses, les cassettes, tout en ayant soin d’amortir le bruit de leurs lourdes bottes.

Arkadi Pavlitch questionnait le starost sur la moisson, les semailles et autres objets d’économie rurale. Le starost faisait des réponses satisfaisantes, mais il parlait gauchement, avec flegme, comme il eût boutonné son cafetan avec des doigts gelés. Il se tenait contre la porte et se rangeait à chaque instant pour livrer passage aux allées et venues des valets. Derrière ses épaules d’hercule, je vis la femme du bour-