Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/270

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Le gros homme rentra en ce moment :

— Monsieur, voici votre thé, me dit-il d’un air avenant.

Le jeune homme au cafetan gris, l’employé de service, ouvrit une vieille table à jouer, y établit une nappe bleue, y dressa le samovar, puis la théière, un verre dans une soucoupe ébréchée, un pot de crème et un chapelet de craquelitas de Bolkhov, durs comme la pierre.

Le gros homme sortit.

— Qui est-ce ? demandai-je au garçon de service. Le gérant ?

— Non, le premier caissier : il est promu chef du comptoir.

— Vous n’avez donc pas d’intendants, ici ?

— Non, nous avons un bourmistre, Mikhaïlo Vikoulov.

— Il y a donc un régisseur ?

— Un régisseur ? Comment donc. Oui, un Allemand, Karlo Karlitch Lindamandol. Seulement ce n’est pas lui qui régit.

— Et qui donc ?

— La bârinia elle-même.

— Allons donc. Et dans votre comptoir, êtes-vous beaucoup d’employés ?

Le petit commis resta songeur.

— Six, dit-il enfin.