Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/279

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manœuvrer, non de l’index, mais du troisième doigt de la main droite, ce qui est de la plus grande élégance.

Le commis de service entra.

— Qu’y a-t-il ?

— Sidor est arrivé de Goloplek.

— Ah ! eh bien ! qu’il vienne… attends, attends… Regarde un peu si le bârine étranger dort encore.

Le commis entra avec précaution dans la chambre où j’étais. Je venais de reposer ma tête sur une gibecière dont je m’étais fait un coussin.

— Il dort, chuchota le commis en revenant.

Le caissier marmotta je ne sais quoi entre ses dents.

— Fais entrer Sidor, dit-il enfin.

Je me relevai : un moujik, haut de taille, d’une trentaine d’années, robuste, les pommettes rouges, les cheveux blonds, une petite barbe frisée, entra dans le bureau, fit d’abord une prière devant les icônes, puis salua le caissier, prit son bonnet à deux mains et se redressa.

— Bonjour, Sidor, dit le gros commis en faisant fonctionner ses stchioty.

— Bonjour, Nikolaï Eréméitch.

— En quel état les chemins ?