Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/297

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— Du forestier, murmura-t-elle comme un écho.

La porte cria, le garde entra, releva la lanterne posée à terre et l’alluma.

— Vous n’avez certainement pas l’habitude de nos torches, dit-il en secouant ses cheveux.

Je regardai mon hôte. J’avais rarement vu un homme aussi beau. Il était grand, large d’épaules et de poitrine, d’une taille parfaite. Sa chemise déchirée laissait voir ses muscles puissants. Sa barbe noire cachait la moitié de son visage. Ses traits étaient austères, mâles, et ses sourcils, pendants sur ses yeux, aiguisaient l’éclat de ses prunelles. Il mit ses poings sur ses hanches et s’arrêta devant moi. Je le remerciai et lui demandai son nom.

— Foma, surnommé le Biriouk, dit-il.

Je le regardai avec une curiosité redoublée. Ermolaï et d’autres m’avaient souvent parlé du Biriouk, que tous les moujiks de la contrée redoutaient comme la foudre. À les entendre, jamais homme n’avait eu cette activité : nul moyen avec lui de voler un fagot ou seulement une petite brassée de bois mort. À quelque heure que ce fût, quelque temps qu’il fît, il vous tombait sur la tête comme la neige. Il était inutile de lutter contre lui, fort et habile comme un