Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/74

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― Bi bi bi bien, comme vous, batiouchka.

Et le pauvre homme se détourna.

― Ça mord mal, fit Touman ; il fait trop chaud pour la pêche, tout le poisson s’en est allé maintenant dormir à l’ombre des herbes. Hé, Stépan, mets-moi un ver.

Stépan saisit un ver dans le pot, se le mit dans le creux de la main gauche, le tapota, en chaussa l’hameçon, cracha dessus, puis le présenta à Touman.

― Merci, Stépan. Et vous, batiouchka, oui, reprit-il, en s’adressant à moi, vous chassez ?

― Tu le vois.

― C’est ça. Ce chien que vous avez là, est-ce un anglais ou un finlandais ? (Le vieillard ne manquait jamais une occasion de montrer qu’il avait un peu vu le monde.)

― Je ne sais pas s’il est de race, mais il est bon.

― C’est ça. Et vous chassez toujours avec des chiens ?

― J’ai deux meutes.

Touman sourit et branla la tête.

― Oui, c’est ça ; il y a tel qui est amateur de chiens et tel autre qui ne prendrait pas les meilleurs si on les lui donnait. Je pense, selon mon tout petit brin de bon sens, que c’est principalement pour la parade qu’il faut tenir des chiens,