rainure, — et elle en tira une miniature à l’aquarelle, entourée d’un cadre ovale en bronze ; cette miniature représentait un petit enfant de quatre ans, entièrement nu, un carquois sur les épaules, un ruban bleu en sautoir sur la poitrine, qui, du bout de son doigt, essayait la pointe d’une flèche. L’enfant, extrêmement frisé, louchait un peu, et souriait.
Fimouchka montra l’aquarelle aux jeunes gens :
« C’est moi ! dit-elle.
— Vous ?
— Oui, moi… quand j’étais petite. Il y avait un peintre français, un excellent peintre, qui venait chez mes parents ; c’est lui qui fit mon portrait pour le jour de la fête de mon défunt père. Et qu’il était gentil, ce Français ! Il vint nous voir plusieurs fois, plus tard. Quand il entrait, il retirait son pied en arrière en glissant sur le parquet, puis il le secouait un peu en l’air, et vous baisait la main ! Et quand il sortait, il baisait ses propres doigts, ma parole ! Et il saluait à droite, à gauche, en avant, en arrière ! Il était bien gentil, ce Français ! »
Les visiteurs louèrent le travail du peintre. Pakline trouva même que c’était encore assez ressemblant.
À ce propos, Fomouchka parla des Français d’aujourd’hui, et dit que probablement ils étaient devenus extrêmement méchants.
« Pourquoi cela, Foma Lavrentiévitch ? lui demanda-t-on.
— Pourquoi ? voyez plutôt quels noms ils ont !
— Par exemple ?
— Par exemple : Nojan-Tsin-Lorran (Nogent-Saint-Laurent), c’est un vrai nom de bandit ! »
Fomouchka s’informa aussi du souverain actuel de la France. On lui dit que c’était Napoléon. Cela parut l’étonner et l’attrister.
« Comment ? Un homme si vieux ?… » commença-t-il.