— Et… si je te le défends ?
— Je ne vous écouterai pas. »
Valentine bondit sur son fauteuil.
« Ah ! vous ne m’écouterez pas ! C’est ainsi… Et je m’entends dire cela par une jeune fille que j’ai comblée de bienfaits, par une jeune fille que j’ai recueillie dans ma maison, par… par la…
— Par la fille d’un père déshonoré… acheva Marianne d’une voix sombre. Continuez, ne vous gênez pas !
— Ce n’est pas moi qui vous le fais dire, mademoiselle, mais, en tout cas, il n’y a pas là de quoi faire la fière ! Une jeune fille qui mange mon pain…
— Ne me reprochez pas ce pain-là, madame ! Une gouvernante française pour votre Kolia vous aurait coûté plus cher, puisque c’est moi qui lui donne des leçons de français. »
Valentine leva sa main droite, qui tenait un mouchoir de batiste orné d’un chiffre enlacé dans un coin et tout parfumé d’ylang-ylang ; elle voulut parler ; mais Marianne continua impétueusement :
« Vous auriez raison, mille fois raison, si, au lieu de tout ce que vous énumérez maintenant, au lieu de tous ces prétendus bienfaits, de ces prétendus sacrifices, vous pouviez simplement dire : « Cette jeune fille que j’ai aimée… » Mais vous avez encore assez de loyauté pour ne pas mentir à ce point-là ! » — Marianne tremblait comme dans un accès de fièvre. — « Vous m’avez toujours détestée. En ce moment même, au fond de votre cœur dont vous parliez encore tout à l’heure, vous êtes enchantée, oui, enchantée de voir que je réalise vos éternelles prédictions, que je me couvre de honte, et la seule chose qui vous déplaise, c’est qu’une part de ce scandale doive retomber sur votre aristocratique… votre honnête maison !…
— Vous m’insultez, balbutia Valentine… Sortez ! »
Mais Marianne ne se contenait plus.
« Votre maison, m’avez-vous dit, toute votre maison,