— Pauvre Markelof ! » dit Marianne douloureusement.
Solomine recommença à lui caresser la main avec douceur.
« Voyons, voyons ; il n’y a encore rien de positif. Attendons les nouvelles que Paul apportera. Dans notre… métier, il faut être fermes. Les Anglais disent : « Never say die. » C’est un bon proverbe, meilleur que le russe : « Quand le malheur est entré, ouvre la porte à deux battants ! » À quoi bon se désoler d’avance ? »
Solomine se leva.
« Et la place que vous vouliez me procurer ? » lui demanda tout à coup Marianne.
Les larmes brillaient encore sur ses joues ; mais dans ses yeux il n’y avait plus de tristesse.
Solomine se rassit.
« Avez-vous si grande hâte de partir d’ici ?
— Oh ! non ; mais je voudrais bien être utile.
— Marianne, vous êtes très-utile ici. Ne nous quittez pas, attendez. — Que désirez-vous ? » demanda-t-il à Tatiana qui entrait.
Il ne disait « tu » qu’à Paul, et encore parce que celui-ci aurait été trop malheureux si Solomine lui avait dit « vous ».
« Il y a là un sexe féminin qui demande Néjdanof, répondit Tatiana qui riait en agitant les bras ; j’ai voulu lui dire qu’il n’y avait personne de ce nom-là chez nous, qu’il n’y avait jamais eu… — Mais alors lui…
— Qui ça, lui ?
— Mais ce sexe féminin. En voyant ça, il a écrit son nom sur ce papier, tenez, et m’a dit de le montrer, qu’on le laisserait entrer, et que si véritablement Néjdanof n’était pas à la maison, il avait le temps d’attendre. »
Le papier portait en gros caractère : Machourina.
« Faites entrer, dit Solomine. Cela ne vous gênera pas, Marianne, si elle vient ici ? Elle aussi est des nôtres.