bien soutenir la plaisanterie enjouée de l’aimable dame.
« Mlle Marianne, commença-t-il, est encore imbue de cet idéalisme, de cette juvénilité romantique… qui… que… avec le temps…
— D’ailleurs, je me calomnie, interrompit Mme Sipiaguine ; ces questions m’intéressent aussi. Enfin, je ne suis pas tout à fait assez vieille pour rester tellement en arrière !
— Moi aussi je m’intéresse à tout cela, s’écria précipitamment Kalloméïtsef ; seulement, j’aurais défendu d’en parler.
— Vous auriez défendu d’en parler ? répéta Marianne.
— Oui, j’aurais dit au public : Je ne vous empêche pas de vous y intéresser, mais en parler… chchchut !… (Il posa un doigt sur ses lèvres.) Dans tous les cas, j’aurais défendu de rien imprimer là-dessus. Absolument ! ab…so…lu…ment ! »
Mme Sipiaguine se mit à rire.
« Comment ? À votre avis, ne faudrait-il pas nommer une commission au ministère pour résoudre cette question ?
— Une commission ? Pourquoi pas ? Pensez-vous que nous ne saurions pas résoudre la question aussi bien que ces gratte-papiers meurt-de-faim, qui n’y voient pas plus loin que le bout de leur nez et se figurent être des génies de premier ordre ? — Nous aurions nommé votre mari rapporteur. »
Mme Sipiaguine rit de plus belle.
« Attention, prenez garde ! Boris se montre quelquefois tellement jacobin…
— Jaco, Jaco, Jaco, » fit le perroquet.
Mme Sipiaguine agita son mouchoir pour l’effrayer.
« Ne dérange pas la conversation des gens d’esprit. Marianne, amuse-le. »
Marianne se tourna vers la cage et se mit à gratter avec l’ongle le cou que le perroquet lui tendit à l’instant.