valier je fais ! Il y a des voisins insupportables et une vieille qui me persécute… Mais la personne qui m’intéresse le plus est une jeune fille, — une parente ou une demoiselle de compagnie, je n’en sais rien du tout, — avec qui je n’ai pas échangé deux mots, mais qui m’a l’air d’être tout à fait de mon acabit… »
Ici venait la description du physique de Marianne et de toute sa manière d’être ; puis il continuait :
« Elle est malheureuse, fière, facile à blesser, renfermée en elle-même, malheureuse surtout, cela ne fait pas pour moi l’objet d’un doute. Pourquoi elle est malheureuse, voilà ce que je ne sais pas encore jusqu’à présent. C’est une nature honnête, pour sûr. Est-elle bonne ? C’est encore une question.
« Mais peut-il exister des femmes complètement bonnes, si elles ne sont pas bêtes ? Et est-il nécessaire qu’il y en ait ? Du reste, je ne connais guère les femmes… La maîtresse de la maison ne l’aime pas… et elle est payée de retour… Mais laquelle des deux a raison, je n’en sais rien. Je suis plus porté à croire que c’est la dame qui a tort… car elle est extraordinairement polie avec la demoiselle ; tandis que celle-ci, rien qu’à parler avec sa patronne, a des frémissements nerveux dans ses sourcils. Oui, c’est une créature très-nerveuse ; en cela, nous nous ressemblons. Elle est « démise » comme moi, quoique d’une autre manière probablement.
« Quand tout cela sera un peu débrouillé, je t’écrirai…
« Je t’ai déjà dit qu’elle ne cause presque jamais avec moi ; mais dans le peu de paroles qu’elle m’a adressées (toujours brusquement et d’une manière inattendue), on sent une sorte de franchise de camarade. Cela m’est agréable.
« À propos ! est-ce que ton parent te tiendra encore longtemps au régime du pain sec ? Quand fera-t-il son paquet ?
« As-tu lu dans le Messager d’Europe un article sur