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Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/132

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Je veux maintenant soumettre à votre propre jugement… J’ai pleine confiance en vous…

— Voyons, de quoi s’agit-il ? dit Volinzoff, qui était resté debout, et jetait des regards sombres à Roudine en frisant de temps en temps sa moustache.

— Permettez… Je suis venu pour m’expliquer, mais cela ne peut se faire en deux mots.

— Pourquoi cela ?

— Une troisième personne s’y trouve mêlée.

— Quelle troisième personne ?

— Serge Pawlitch, vous me comprenez.

— Dimitri Nicolaïtch, je ne vous comprends pas du tout.

— Il vous plaît…

— Il me plaît que vous parliez sans détours ! interrompit Volinzoff.

Il commençait à n’être plus maître de sa colère. Roudine fronça les sourcils.

— Volontiers… nous sommes seuls… Je dois vous dire, — du reste, vous vous en doutez probablement déjà (Volinzoff haussa impatiemment les épaules), — je dois vous dire que j’aime Natalie Alexéiewna et que j’ai le droit de supposer que je suis aimé d’elle.

Volinzoff ne répondit rien, mais il avait pâli ; il détourna son visage, et se dirigea du côté de la fenêtre.

— Vous comprenez, Serge Pawlitch, continua Roudine, que si je n’étais convaincu…

— De grâce, répliqua vivement Volinzoff, je ne doute nullement… Eh bien ! tant mieux pour vous !