Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/146

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Natalie se tut un instant.

— Je n’ai pas menti, reprit-elle enfin.

Roudine lui saisit la main.

— Toujours noble et grande ! Quel or pur que ce cœur de jeune fille ! Mais est-il possible que votre mère ait aussi résolument déclaré sa volonté au sujet de notre mariage ?

— C’est la vérité. Je vous ai déjà dit, du reste, qu’elle ne croyait pas que vous eussiez vous-même l’intention de m’épouser.

— Elle me prend donc pour un fourbe et un séducteur ! En quoi ai-je mérité un aussi cruel soupçon ? Roudine plongea sa tête dans ses mains.

— Dimitri Nicolaïtch, dit Natalie, nous perdons inutilement notre temps. Rappelez-vous que c’est la dernière fois que je vous vois. Je ne suis pas venue ici pour pleurer ni pour me plaindre. Vous le voyez, mes yeux sont secs. Je suis venue vous demander conseil.

— Quel conseil puis-je donc vous donner, Natalie Alexéiewna ?

— Quel conseil ? Vous êtes un homme : je me suis habituée à avoir confiance en vous ; je garderai ma foi en vous jusqu’au bout. Dites-moi quelles sont vos intentions.

— Mes intentions ! Votre mère me fera probablement fermer sa porte.

— C’est possible. Elle m’a déjà déclaré hier qu’elle renoncerait à vous voir… Mais vous ne répondez pas à ma question.