Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/305

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étouffant…, ou bien sont-ce mes poumons qui ne respirent déjà plus ? J’ai joué ma petite comédie jusqu’au bout. Le rideau tombe.

Je cesse d’être de trop en rentrant dans le néant. Ah ! comme le soleil est intense ! Ces rayons puissants respirent l’éternité…

Adieu, Térence !… Elle était assise à sa fenêtre, ce matin, et pleurait… Peut-être était-ce à cause de moi, peut-être était-ce parce que son tour de mourir doit arriver bientôt. Je lui ai fait promettre de ne pas maltraiter Trésor. Il m’est pénible d’écrire… Je jette la plume… Il est temps ! La mort ne m’arrive déjà plus avec ce bruit toujours croissant du tonnerre qui rappelle le roulement nocturne d’une voiture sur le pavé ; elle est ici, elle voltige autour de moi, pareille à ce souffle léger qui soulevait les cheveux du prophète…

Je me meurs… Vivez, vous autres !…

Et puisse la vie forte et jeune se jouer à l’entrée de mon tombeau,
Et la nature indifférente
Briller d’une éternelle beauté ![1]

Nous avons trouvé sous ces dernières lignes l’esquisse d’une tête avec un grand toupet, des moustaches, des yeux fixes et des cils en rayons, et sous

  1. Vers de Pouchkine.