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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/146

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connais aussi la cause ! Vous avez agi très noblement… Mais quel malheureux concours de circonstances !… Ce n’est pas pour rien que j’étais contre cette course à Soden…

Frau Lénore ne s’était nullement opposée à cette partie de plaisir, mais en ce moment il lui parut qu’elle avait eu des pressentiments.

— Je viens chez vous parce que je vous tiens pour un homme plein de noblesse et un ami, bien que je ne vous connaisse que depuis cinq jours… Mais je suis veuve… je suis seule… ma fille…

Les larmes étouffèrent la voix de la vieille femme.

Sanine ne savait que penser de cette ouverture.

— Votre fille ?… dit-il.

— Ma fille Gemma, dit avec une sorte de gémissement madame Roselli, sans retirer de sa bouche son mouchoir tout imprégné de larmes, — ma fille m’a déclaré aujourd’hui qu’elle ne veut plus de M. Kluber pour fiancé, et qu’aujourd’hui même je dois communiquer sa décision à M. Kluber.

Sanine ne put réprimer un léger tressaille-