— Il n’y a pas de reine qui soit aussi belle.
— Il n’y a pas deux Gemma au monde ! s’écria Sanine.
— C’est pour cela qu’elle s’appelle Gemma ! (En italien Gemma veut dire gemme.)
La jeune fille courut vers sa mère et se mit à l’embrasser.
Elle commençait seulement à se sentir tout à fait allégée de la douleur qui l’oppressait.
Sanine se sentit tout à coup si heureux ; son cœur se remplit d’une telle joie d’enfant à la pensée que les rêves dont il s’était bercé il n’y a pas longtemps dans cette maison se réalisaient déjà, un tel besoin d’activité s’empara de tout son être, qu’il voulut entrer dans la confiserie et se tenir au comptoir comme il l’avait fait quelques jours auparavant.
— J’en ai le droit maintenant, se disait-il, je suis ici chez moi !
Il s’assit au comptoir, fit le marchand, vendit à deux fillettes une livre de bonbons en leur en donnant un kilo, et en demandant la moitié du prix.
Au dîner, il s’assit à côté de Gemma, comme son fiancé officiel.