— Tu te maries ! s’écria-t-il d’une voix enrouée par l’étonnement, et en joignant ses mains grassouillettes sur son ventre. Tu te maries ! et comme cela, soudainement ?
— Oui… soudainement.
— Ta fiancée est sans doute en Russie ?
— Non, elle n’est pas en Russie !…
— Où est-elle ?
— Ici, à Francfort !
— Et qui est-elle ?
— Elle est Allemande… c’est-à-dire, non, Italienne… Elle est de Francfort.
— Elle a de l’argent ?
— Non, elle n’a pas d’argent.
— Donc, c’est une grande passion ?
— Que tu es drôle !… Oui, je l’aime beaucoup.
— Et c’est pour cela qu’il te faut de l’argent ?
— Mais oui, oui, oui !…
Polosov vida son verre, se rinça la bouche, se lava les mains qu’il essuya soigneusement dans sa serviette, sortit de sa poche un cigare et l’alluma.
Sanine le regardait sans rien dire.