Aller au contenu

Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il voulait tout simplement rester un instant seul avec elle.

Frau Lénore le comprit ainsi et n’eut pas la curiosité de demander quelle pouvait être cette communication importante.

Sanine entrait pour la première fois dans la chambre de la jeune fille.

Tout l’enchantement de l’amour, son ardeur, son extase et sa douce terreur s’emparèrent de lui, pénétrèrent avec impétuosité dans son âme dès qu’il eut franchi ce seuil sacré.

Il jeta tout autour de lui un regard attendri, tomba aux pieds de la jeune fille et pressa son visage contre sa robe.

— Tu es à moi ? dit-elle. — Tu reviendras bientôt ?

— Je suis à toi… Je reviendrai, répéta-t-il d’une voix étouffée.

— Je t’attendrai…

Quelques minutes plus tard, Sanine était dans la rue et courait dans la direction de son hôtel. Il n’avait pas remarqué que, derrière lui, Pantaleone, tout ébouriffé, était sorti par la porte de la confiserie et prononçait des paroles que Sanine n’entendit pas, brandissant