Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/25

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se transforma, ses sourcils s’arquèrent, ses yeux devinrent encore plus grands et la joie éclata dans son regard.

Sanine examina le malade et distingua sur le visage une légère coloration, les paupières remuèrent… les narines se dilatèrent. L’enfant aspira de l’air entre ses dents toujours serrées et soupira…

Emilio, cria la jeune fille… Emilio mio.

Les grands yeux noirs de l’enfant s’ouvrirent lentement. Ils regardaient encore confusément mais commençaient à sourire faiblement. Le même sourire languissant joua sur ses lèvres pâles, puis il remua son bras pendant, et d’un seul mouvement le ramena sur sa poitrine.

— Emilio, répéta la jeune fille en se levant.

Son visage exprimait un sentiment si intense, qu’il semblait à tout instant qu’elle allait fondre en larmes ou éclater d’un rire fou.

— Emilio ! Qu’est-ce qu’il a ? Emilio ! cria une voix derrière la porte.

Dans la chambre entra à pas précipités une dame proprement vêtue, au visage brun entouré de cheveux d’un blanc d’argent. Un