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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/312

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du bout de sa cravache esquissa un salut à l’adresse de Polosov, puis cingla d’un coup l’encolure ambrée et plate de son cheval. La cavale se dressa sur ses jambes de derrière, bondit en avant et partit d’une allure élégante et matée, frémissant dans toutes ses fibres et portant sur le mors, humant l’air et reniflant avec impétuosité…

Sanine suivait en regardant l’amazone ; sa taille fine et flexible se balançait d’aplomb avec souplesse et harmonie, étroitement soutenue et dégagée par le corset.

Madame Polosov retourna la tête et du regard appela Sanine. Ils cheminèrent de front.

— Voyez comme il fait beau ! s’écria-t-elle… Je vous le dis pour la dernière fois avant de nous séparer — vous êtes adorable — et vous ne vous repentirez pas d’être venu.

En prononçant ces mots elle les accompagna de plusieurs mouvements de tête affirmatifs, comme pour renforcer la signification de ces paroles et les rendre plus pénétrantes.

Maria Nicolaevna semblait si heureuse que Sanine en fut étonné : son visage avait cette