Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/43

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pauvre « Jago » et des deux mains lui donna des tapes amicales sur l’épaule.

Seul Emilio riait sans se gêner. Cet âge est sans pitié, La Fontaine l’a déjà dit.

Sanine s’efforça de consoler le vieux chanteur en lui parlant dans sa langue. Au cours de son dernier voyage il avait pris une teinture d’italien ; il se mit à parler du paese del Dante dove il si suona : cette phrase et ce vers célèbre « Lasciate ogni speranza » formaient tout le bagage poétique italien du jeune touriste.

Mais Pantaleone ne se laissa pas réconforter par ces attentions. Il enfonça encore plus profondément son menton dans sa cravate et roulant des yeux furieux ressembla plus que jamais à un oiseau hérissé, mais cette fois à un méchant oiseau, un corbeau ou un milan royal…

Alors Emilio, qui rougissait pour rien et à tout propos, comme il arrive aux enfants gâtés, dit à sa sœur que si elle voulait amuser leur hôte, elle ne pouvait mieux faire que de lui lire une des comédies de Malz, qu’elle lisait si bien.