Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/289

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jeta dans la maison, traversa l’antichambre, la salle à manger… et se trouva en face de Tatiana. Elle le regarda avec ses yeux doux et caressants (elle avait un peu maigri, ce qui ne lui seyait pas mal) et lui tendit la main. Il ne la prit pas et tomba à ses genoux. Elle ne s’y attendait pas, ne sut que dire et que faire… les larmes lui vinrent aux yeux ; elle avait peur, et son visage respirait en même temps la joie.

— Grégoire Mikhailovitch, qu’est-ce que cela signifie, Grégoire Mikhailovitch ? disait-elle…

Et lui continuait à baiser le pan de sa robe, se rappelant avec un cœur délicieusement contrit que naguère, à Bade, il s’était aussi mis à ses genoux… mais alors… et maintenant !

— Tania, répétait-il, Tania, m’as-tu pardonné ?

— Tante, tante, qu’est-ce que cela ? demanda Tatiana à Capitoline Markovna, qui venait d’entrer.

— Laisse-le faire, Tatiana, répondit la bonne petite vieille ; tu vois bien qu’il est revenu à résipiscence.

Cependant il est temps de finir, et il n’y a plus rien à ajouter, le lecteur devine le reste.

Mais Irène ?

Elle est toujours aussi ravissante, malgré ses trente ans ; elle a un chiffre incalculable d’admirateurs, et elle en aurait encore davantage si…

Le lecteur me permettra-t-il de le transporter un moment à Pétersbourg, dans un de ses plus splendides édifices ? — Voyez : voici un vaste appartement,