Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/106

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meure à deux pas d’ici. Nous y déjeunerons… ; vous n’avez pas encore déjeuné ?

— Non.

— À merveille. Elle vit, comme de raison, séparée de son mari, et se trouve tout à fait indépendante…

— Est-elle jolie ? demanda Bazarof.

— Non…, je ne peux pas le dire.

— Alors pourquoi diable nous engagez-vous à l’aller voir ?

— Mauvais plaisant ! elle nous donnera une bouteille de champagne.

— Vraiment ! l’homme pratique se montre bientôt. À propos, votre père est-il toujours dans les eaux-de-vie ?

— Oui, répondit précipitamment Sitnikof avec un rire aigu. Eh bien ! venez-vous ?

— Je n’en sais ma foi rien.

— Puisque tu voulais faire des observations, dit Arcade à demi-voix.

— Et vous donc, monsieur Kirsanof ? ajouta Sitnikof ; venez aussi. Nous n’irons pas sans vous.

— Nous ne pouvons pas tomber comme ça tous les trois…

— Cela ne fait rien ; la Koukchine est bonne enfant.

— Elle nous donnera une bouteille de champagne ? reprit Bazarof.

— Trois ! s’écria Sitnikof : j’en réponds.

— Sur quoi ?

— Sur ma tête.