Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/119

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Bazarof remarqua aussi madame Odintsof.

— Quelle est cette figure-là ? dit-il ; elle ne ressemble pas aux autres femelles.

Lorsque la contredanse fut terminée, Sitnikof conduisit Arcade vers madame Odintsof ; mais il paraissait la connaître beaucoup moins qu’il ne l’avait dit ; il s’embrouilla bientôt dans ses paroles, et elle le regardait avec une sorte d’étonnement. Cependant une bienveillante expression se peignit sur son visage, lorsqu’il prononça le nom de famille d’Arcade. Elle demanda à ce dernier, s’il était fils de Nicolas Petrovitch.

— Oui, lui répondit-il.

— J’ai vu votre père deux fois, et j’ai beaucoup entendu parler de lui, reprit-elle ; je suis charmée de faire votre connaissance.

En ce moment survint un jeune aide-de-camp qui l’invita pour une contredanse. Elle accepta.

— Vous dansez donc ? lui dit respectueusement Arcade.

— Oui ; mais pourquoi m’adressez-vous cette question ? Est-ce que je vous parais trop vieille pour danser ?

— Comment pouvez-vous me supposer cette pensée ? Permettez-moi de vous engager pour une mazourka.

Madame Odintsof sourit. « Volontiers, » répondit-elle en regardant Arcade, non point d’un air protecteur, mais comme les sœurs mariées regardent leurs jeunes frères. Madame Odintsof était un peu plus âgée qu’Arcade. Elle avait vingt-neuf ans accomplis ; mais en