Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/165

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nouveau que pour le déjeuner. La matinée était pluvieuse. Toute la société se réunit dans le salon. Arcade prit le dernier numéro d’une revue, et se mit à lire à haute voix. La princesse, suivant son habitude, en parut d’abord fort surprise, comme s’il eût commis quelque grande inconvenance ; elle le toisa ensuite d’un air méchant, mais il n’y fit pas attention.

— Eugène Vassilitch, dit madame Odintsof, venez dans ma chambre… Je voudrais vous demander… Vous m’avez indiqué hier le titre d’un ouvrage…

Elle se leva, et se dirigea vers la porte. La princesse jeta les yeux autour d’elle et sa physionomie semblait dire : « Voyez ! voyez ! comme je m’étonne ! » Elle regarda de nouveau Arcade, mais il haussa la voix, échangea un rapide coup d’œil avec Katia qui se tenait auprès de lui, et continua sa lecture.

Madame Odintsof gagna sa chambre d’un pas rapide. Bazarof la suivit sans lever les yeux, et en écoutant le léger sifflement de la robe de soie qui glissait devant lui. Anna Serghéïevna s’assit dans le même fauteuil que la veille, et Bazarof reprit aussi la même place.

— Comment nommiez-vous ce livre ?… lui dit-elle après un moment de silence.

— Pelouse et Fremy, Notions générales, répondit Bazarof. — Au reste, je puis encore vous recommander : Ganot, Traité élémentaire de physique expérimentale. Les dessins y sont plus détaillés, et ce manuel est en général…