Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/216

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— Des Dioscures ! des Dioscures ! répéta Vassili Ivanovitch.

— Allons, père, sois raisonnable ; un peu moins de tendresse.

— Une fois de temps en temps ne fait pas coutume, balbutia le vieillard. Au reste, je ne suis pas venu vous trouver, messieurs, pour vous adresser des compliments, mais premièrement pour vous annoncer que nous allons bientôt dîner, et secondement, pour te prévenir, Eugène… Tu es un garçon d’esprit, tu connais les hommes et les femmes, et par conséquent tu pardonneras… Ta mère tenait à faire dire des prières en action de grâces, à l’occasion de ton arrivée. Ne vas pas te figurer que je veuille t’engager à y assister, la cérémonie est déjà terminée. Mais le père Alexis…

— Le pope ?

— Oui, le prêtre est à la maison… et il restera pour dîner… Je ne m’y attendais pas, et le déconseillai même… mais, je ne sais comment ça c’est fait… il ne m’a pas compris… d’ailleurs, Arina Vlassievna… de plus, c’est un homme très-sensé et très-bien sous tous les rapports.

— Je suppose qu’il ne mangera pas ma portion à table ? demanda Bazarof.

Vassili Ivanovitch se mit à rire.

— Non certainement ! répondit-il.

— C’est tout ce que je demande. Je suis prêt à prendre place à table avec n’importe qui.

Vassili Ivanovitch redressa son chapeau.