Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/26

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mage contrastait avec le vert tendre du froment encore tout bas, se voyaient çà et là ; on les distinguait plus difficilement au milieu des seigles qui commençaient déjà à blanchir ; c’est à peine si leurs têtes s’élevaient par moments au-dessus de cette mer ondoyante. Arcade admirait ce tableau, et ses pensées mélancoliques s’évanouissaient peu à peu… Il ôta son manteau, et arrêta sur son père un regard si joyeux et si enfantin, que celui-ci ne put s’empêcher de le serrer de nouveau dans ses bras.

— Nous approchons, lui dit Kirsanof ; dès que nous aurons monté cette pente, nous apercevrons la maison. Nous allons nous en donner, Arcade ; tu vas m’aider à gérer notre bien, si cela ne t’ennuie pas trop. Il faut que nous soyons étroitement unis, et que nous nous connaissions bien l’un et l’autre ; — n’est-ce pas ?

— Certainement, répondit Arcade, mais quelle belle journée !

— C’est pour fêter ton arrivée, mon ami. Oui, le printemps est dans tout son éclat. Au reste, je suis de l’avis de Pouchkine, tu te rappelles ces vers :

Combien ta vue m’attriste,
Printemps, printemps, saison d’amour !
Quel…

— Arcade, cria Bazarof du tarantass, envoie-moi une allumette ; impossible d’allumer ma pipe.

Nicolas Petrovitch se tut, et Arcade, qui l’écoutait