Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/279

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— Tu es seule ? dit à côté d’elle madame Odintsof ; je croyais qu’Arcade t’avait accompagnée ?

Katia reporta les yeux sur sa sœur qui habillée avec goût, même avec élégance, se tenait toute droite dans l’allée et touchait du bout de son ombrelle les oreilles de Fifi.

— Toute seule, dit Katia.

— Je le vois bien, reprit sa sœur en riant ; il est donc rentré chez lui ?

— Oui.

— Vous lisiez ensemble ?

— Oui.

Madame Odintsof prit Katia par le menton et lui releva la tête.

— J’espère que vous ne vous êtes pas disputés ?

— Non, répondit Katia en écartant doucement la main de sa sœur.

— Comme tu me réponds gravement ! Je croyais le trouver ici et lui proposer de faire un tour de promenade. Il me le demande depuis longtemps. On t’a apporté de la ville tes bottines, va les essayer. J’ai remarqué hier que tu en avais besoin ; les bottines que tu portes sont fanées. Je trouve que tu te négliges beaucoup trop à cet égard, et pourtant tu as un pied charmant ! ta main est belle aussi… mais elle est un peu grande, c’est pourquoi tu devrais donner plus d’attention à tes pieds. Mais tu n’es pas coquette.

Madame Odintsof s’éloigna en faisant légèrement frôler sa robe élégante ; Katia se leva du banc, prit le