Page:Tourgueniev - Premier Amour, trad. Halpérine-Kaminsky.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
PREMIER AMOUR

Zinaïda continuait à me témoigner sa préférence et ne me laissait pas m’éloigner.

Dans une amende, il m’arriva d’être assis à côté d’elle, tous deux recouverts du même foulard de soie. Je devais lui dire mon secret. Je me souviens que nos deux têtes se trouvèrent tout à coup dans une demi-obscurité étouffante et odorante, et que dans cette obscurité ses yeux brillaient doucement très près de moi, et ses lèvres entr’ouvertes avaient une respiration chaude ; je voyais ses dents, et le bout de ses cheveux me brûlait et me chatouillait. Je ne disais rien. Elle souriait d’un air mystérieux et malicieux ; enfin elle murmura : « Eh bien ! quoi ? » Mais moi, je ne fis que rougir, rire et, osant à peine respirer, je détournai la tête.

Les fants finirent par fatiguer. Nous nous mîmes à jouer au petit cordon. Mon Dieu ! quel transport je ressentis quand, distrait du