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PREMIER AMOUR

mençait cependant à ressentir aussi la fatigue et parlait de repos.

À minuit, on servit le souper composé d’un vieux morceau de fromage sec et de quelques pâtés froids de jambon haché qui me semblèrent plus délicieux que n’importe quelle fine pâtisserie. Il n’y avait qu’une seule bouteille au goulot bombé, et le vin qu’elle contenait, d’une couleur sombre, étrange, conservait l’odeur de la drogue quelconque qui avait servi à le colorer. D’ailleurs, personne n’en but.

Fatigué, heureux jusqu’à l’épuisement, je sortis du pavillon. En nous séparant, Zinaïda me serra fortement la main et de nouveau sourit d’un air énigmatique.

L’air de la nuit souffla pesamment et avec fraîcheur sur mon visage échauffé. Il semblait qu’un orage se préparait. Les nuages noirs grandissaient et rampaient sous le ciel, avec