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Grecs qu’Herodote nous a conservez. On ne scait pas si ce fut dans un temple de Junon bâti sur le Bosphore, ou si Mandrocles envoya le tableau dans celui de Junon de Samos sa patrie. Herodote veut que le pont de Darius ait eté dressé à peu prés au milieu de Byzance, et du temple qui étoit à l’embouchure du Bosphore. Pline donne 500 pas de largeur à cet endroit là ; mais Polybe qui se piquoit d’une grande exactitude, a mieux désigné ce lieu que personne, en l’opposant au Cap où êtoit le temple de Mercure, dans l’endroit où le canal n’a que cinq stades de large. On fera voir dans la suite que ce cap est occupé présentement par le vieux Château d’Europe, vis à vis de celui dont nous parlons ; et par conséquent que le passage de Darius se fit entre les deux Châteaux, ou un peu au dessus, pour éviter la violence du courant.

La place de l’ancienne ville de Ciconium mentionnée par Denys de Byzance, est au delà du Château d’Asie, et le lieu s’appelle encore Cormion, tout prés du golphe Manoli où l’on pesche d’excellent poisson. La côte conduit au village d’Inghircui, qui veut dire le village aux Figues. On passe un ruisseau à Inghircui pour entrer dans le golphe Cartacion ou Catangium de Denys de Byzance. Ce golphe est terminé au Nord par le cap Stridia, ou le cap aux Huîtres, car on y en pesche d’amirables, et les Grecs appellent Ostridia ces sortes de coquillages. Mr Gilles nomme ce cap, le Cap Turc, parce qu’il est vis à vis du Kiosc de Sultan Solyman, dont il n’est separé que par un beau ruisseau. Ce Kiosc n’a rien d’extraordinaire, ce sont des pavillons à grands combles écrasez et fort avancez, à la maniére du Levant, où l’on préfere à la magnificence le plaisir d’être au frais. Les pavillons des Orientaux sont ouverts de tous côtez, et le milieu en est oc-