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Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/167

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à droite, en entrant dans le détroit, s’appelloit autrefois Dios sacra, comme qui diroit les sacrifices de Jupiter ? Que le port qui vient ensuite, étoit le Port des Lyciens dans les premiers temps, et qu’il fut celui des Myrléens dans la suite ? Les Lyciens étoient des peuples d’Asie qui venoient négocier dans le Pont, et qui relâchoient ordinairement dans ce Port. Pour les Myrléens, Denys de Byzance nous apprend que quelques séditieux de Myrlée se retirérent en cet endroit du Bosphore ; et Myrlée étoit cette ville de Bithynie que Nicomede Epiphane fit nommer Apamée du nom de sa mere Apama. Le Port des Lyciens est suivi de deux autres petits ports qui ont autrefois pris leurs noms de quelque autel de Venus ; car Aphosiati paroit un reste d’Aphrodisium que Denys de Byzance marque dans ce quartier-là ; et comme l’un de ces Ports étoit frequenté par les marchands d’Ephese, il y a beaucoup d’apparence que c’est le Port des Ephesiens dont le même autheur a parlé. Mais la plus grande merveille de cet endroit, est un filet d’eau dont le sable paroissoit doré dans le temps que l’on travailloit aux mines de cuivre qui sont sur cette côte ; cette eau coule tout auprés de la chapelle de Nôtre-Dame aux Chataigniers au pied d’une montagne, si élevée au dessus des autres, que l’on découvre de là Constantinople, la mer Noire et la Propontide. Le feu qu’on y allumoit autrefois dans un Phare bâti sur sa pointe, étoit d’un aussi grand secours aux Pilotes, que ceux des Isles Cyanées d’Europe et d’Asie, mais on en a laissé perir la tour. On avoit eû grande raison de mettre des fanaux sur la côte d’Europe, car les anciens Thraces étoient des gnes impitoyables. On lit dans Xenophon que ceux qui habitoient le long de la côte de la mer, avoient marqué leurs terres fort exactement par de grandes bornes. Avant cette précaution ils